Le Lai
- Mot sauvé dans le Refuge des Mots -
- Bientôt un virelai chez Nymphea (au boulot!) -
Venant des temps médiévaux, le lai est à la fois poème et conte. Il se distingue sous deux formes: le lai narratif et le lai lyrique. Le lai dit narratif fait la part belle aux légendes et au merveilleux, il est écrit en octosyllabes et se dit ou se déclame accompagné d'une harpe. Ces récits sont généralement brefs, composés d'une centaine jusqu'à un milliers de vers. Les lais narratifs les plus célèbres sont ceux de Marie de France. Cette forme de lai est également la plus ancienne. Parmi la trentaine de lais connus, certains nous viennent de la fin du XIIème siècle.
Les lais lyriques sont quant à eux plus tardifs. Guillaume de Machaut en était un valeureux défenseur mêlant ainsi poésie et musique.
Un doute subsiste quant à l'origine étymologique du mot "lai". Certains pensent qu'il vient du latin laïcus qui donna par la suite le mot "laïc" et traduirait ainsi le lai par une forme d'expression populaire. D'autres préfèrent croire à une origine celtique par le biais du mot laid signifiant chant (aucun rapport avec la laideur!). Cette dernière hypothèse semble la plus logique car, en effet, la particularité du lai est qu'il possède une partie instrumentale. De plus, les lais narratifs de Marie de France ont souvent rendu hommage aux contes celtiques.
Source principale: Dictionnaire du Moyen-Âge de C. Gauvard, A. de Libera, M. Zink, Quadrige/Puf 2002.
merveille l'ai oï loër;
beaus chevalers e bons esteit
e noblement se cunteneit.
de sun seinur esteit privez
e de tuz ses veisins amez.
femme ot espuse mut vailant
e que mut feseit beu semblant.
il amot li e ele lui;
mes d'une chose ert grant ennui,
que en la semeine le perdeit
treis jurs entiers, que el ne saveit
u deveneit në u alout,
ne nul des soens nïent n'en sout.
une feiz esteit repeirez
a sa meisun joius e liez;
demandé li ad e enquis.
«sire,» fait el, «beau duz amis,
une chose vus demandasse
mut volenters, si jeo osasse;
mes jeo creim tant vostre curuz,
que nule rien tant ne redut.»
quant il l'oï, si l'acola,
vers lui la traist, si la beisa.
En Bretagne vivait un baron dont j’ai entendu dire le plus grand bien. C’était un beau et valeureux chevalier et il se conduisait avec dignité. Il était prisé par son seigneur et aimé de ses voisins. Il avait une femme noble et de belle allure. Ils s’aimaient tous les deux.
Les lais lyriques sont quant à eux plus tardifs. Guillaume de Machaut en était un valeureux défenseur mêlant ainsi poésie et musique.
Un doute subsiste quant à l'origine étymologique du mot "lai". Certains pensent qu'il vient du latin laïcus qui donna par la suite le mot "laïc" et traduirait ainsi le lai par une forme d'expression populaire. D'autres préfèrent croire à une origine celtique par le biais du mot laid signifiant chant (aucun rapport avec la laideur!). Cette dernière hypothèse semble la plus logique car, en effet, la particularité du lai est qu'il possède une partie instrumentale. De plus, les lais narratifs de Marie de France ont souvent rendu hommage aux contes celtiques.
Source principale: Dictionnaire du Moyen-Âge de C. Gauvard, A. de Libera, M. Zink, Quadrige/Puf 2002.
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- Extrait du lai du Bisclavret (loup-garou) de Marie de France en roman (ancien français médiéval), vous pouvez le lire dans son intégralité ici.
merveille l'ai oï loër;
beaus chevalers e bons esteit
e noblement se cunteneit.
de sun seinur esteit privez
e de tuz ses veisins amez.
femme ot espuse mut vailant
e que mut feseit beu semblant.
il amot li e ele lui;
mes d'une chose ert grant ennui,
que en la semeine le perdeit
treis jurs entiers, que el ne saveit
u deveneit në u alout,
ne nul des soens nïent n'en sout.
une feiz esteit repeirez
a sa meisun joius e liez;
demandé li ad e enquis.
«sire,» fait el, «beau duz amis,
une chose vus demandasse
mut volenters, si jeo osasse;
mes jeo creim tant vostre curuz,
que nule rien tant ne redut.»
quant il l'oï, si l'acola,
vers lui la traist, si la beisa.
- Même extrait traduit dans notre français contemporain par Julie Berlot, vous pouvez consulter l'intégralité de la traduction ici.
En Bretagne vivait un baron dont j’ai entendu dire le plus grand bien. C’était un beau et valeureux chevalier et il se conduisait avec dignité. Il était prisé par son seigneur et aimé de ses voisins. Il avait une femme noble et de belle allure. Ils s’aimaient tous les deux.
Cependant la femme avait du soucis: elle perdait son époux trois jours entiers par semaine et ne savait pas ce qu’il devenait ni où il allait. Et nul des siens n’en savait rien non plus.
Une fois où il était rentré chez lui, joyeux et content, elle lui demanda : «Seigneur, mon doux et tendre ami, si j’osais, j’aimerais vous poser une question mais je ne crains rien autant que votre colère.»
À ces mots, il la serra dans ses bras, l’attira contre lui et l’embrassa.
À ces mots, il la serra dans ses bras, l’attira contre lui et l’embrassa.